20 mai 2019 - N°10

Info'prairies est rédigé par Emmanuel Forel, conseiller de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche (Tél : 06 85 10 09 96) et par Patrick Pellegrin, conseiller à Ardèche Conseil Elevage (Tél : 06 71 00 37 18) en partenariat avec Natura'pro.

Les températures nous sont communiquées par MétéoFrance, les prévisions issues de MétéoBlue.

Le stade épiaison des graminées précoces est atteint à 800 m d'altitude  : si on veut réaliser des fourrages de qualité, il est temps de réaliser les ensilages et les enrubannages. Ce stade sera atteint à 1000 m la semaine prochaine (semaine du 28 mai). En zone basse (200 à 400 m) c'est la pleine période des foins (1000 à 1200 °C) : vérifier les conditions météo, car le temps est frais et lourd. 

Au pâturage, adapter les surfaces allouées en fonction de l'herbe disponible, car la croissance des prairies est hétérogène.

Le stade épiaison est atteint sur les zones hautes (700-800 m) :  prévoir de réaliser les ensilages et les enrubannages pour produire des fourrages de qualité. Pour les zones plus basses, si les conditions le permettent, il est temps de réaliser des foins de qualité à 600 m en particulier en filière sans ensilage (AOP Picodon). Plus bas l'herbe est bien avancée : les graminées précoces sont à floraison, les graminées tardives (agrostis, avoine jaunâtre) sont en cours d'épiaison. 

Au pâturage, la croissance de l'herbe reste globalement faible, avec une croissance de 30 kg MS/ha/semaine maximum.  Il faut donc 50 ares/UGB pour assurer une ration complète au pâturage, en dessous il apparaît donc nécessaire d'affourager en complément.

Le stade de l'herbe avance : à 900 m on atteint l'épiaison sur les prairies précoces. Prévoir d'enrubanner d'ici fin de semaine, en milieu de semaine prochaine à 1000 m. C'est particulièrement vrai sur prairie temporaire à base de RGI/RGH.

Au pâturage, la croissance de l'herbe reste très moyenne en altitude (38 kg MS/ha) : on peut nourrir 2.5 UGB/ha. Si votre chargement est supérieur, il convient de continuer à affourager. Avec l'augmentation des températures annoncé, la croissance des prairies devrait s'accélérer.

- Viser au minimum 1,5 kg de MSIngérée d’herbe par jour et par chèvre pour profiter du pâturage et limiter l’affouragement (6h dehors minimum)

- Niveau d’ingestion des chèvres : entre 250g de MSI/heure au pâturage, ingestion 70% du temps.

- Herbe disponible : 200-300kg de MS/ha au-delà de 5 cm (hauteur d’herbe au talon).

- Garder 10 jours d’avance d’herbe pour ne pas se faire déborder.

Exemple : pour un troupeau de 100 chèvres, minimum 150 kg de MSI/jour d’herbe au total. Si l’herbe est à hauteur de cheville, sur prairie permanente peu fertilisée, on considère 500 kg de MS d’herbe disponible/ha.

Herbe sur pied nécessaire : 150kg de MSI nécessaire X 10 jours = 1500 kg d’herbe sur pied.

Nombre d’hectares nécessaires :  3 ha

Il faut donc minimum 3 ha/100 chèvres. Si on veut maximiser l’ingestion d’herbe, on peut augmenter la surface jusqu’à 5ha/100 chèvres, et le temps de pâturage (sortie après la traite du soir).

La quantité de concentrés se définit avec la production, et plafonnée à 400g/repas. Préférer une ration en concentrés à minimum 18% de MAT, plafonnée à 1,2kg/chèvre si plus de 4 litres/chèvre/jour, et à 800g si moins de 3L. Surveiller l’état corporel des chèvres et adapter la proportion céréales/aliments protéiques pour couvrir les besoins en UFL du troupeau, surtout pour le pâturage en pente.

Si les conditions de météo ne sont pas propices au pâturage (pluie importante avec vent du nord), il est conseillé d’affourager avec du foin de qualité (luzerne, PT de RGI/trèfle). Si le stock de fourrages de qualité n’est pas suffisant, il est possible, à la place, de compléter la ration à hauteur de 400g de deshydratés à 18% de MAT, uniquement pour les jours où les chèvres sont en bâtiment (200g si moins de 3L/chèvre/jour)

Alessio MORO - Conseiller caprin - ADICE

En dessous de 800m d’altitude, la plupart des troupeaux pâturants sont à 45-60 jours de la mise à l’herbe.

La pression parasitaire est un risque. Il est conseillé de réaliser une coproscopie avant toute réflexion de traitement sur le troupeau, de comparer les résultats à la dernière copro et d’avoir l’historique des traitements. On fait un prélèvement de fèces sur 10% du troupeau, avec au minimum deux lots (multipares/primipares), et au mieux sur plusieurs lots (production et/ou état sanitaire). Si le taux d’infestation est élevé (minimum 600 OPG pour les strongles gastro-intestinaux), on envisage un traitement en concertation avec son vétérinaire. Un nouveau prélèvement 10 jours plus tard selon le même protocole que le premier permet d’évaluer l’efficacité du traitement. La réduction doit être supérieure à 90%, au risque de suspicion d’apparition de résistance aux anthelminthiques.

Pour limiter ces résistances, des traitements sélectifs peuvent être envisagés sur les animaux les plus infestés. Il est fortement conseillé de minimiser au maximum les traitements antiparasitaires (un voir deux traitements par an), ainsi que d’alterner les familles de molécules utilisées (intérêt de la coproscopie au tarissement si le troupeau est rentré pour la saison). Avant un changement de bloc (parcelles non encore pâturées), ou un retour sur parcelle initiale (pâturage tournant), anticiper une coproscopie dix jours avant pour intervenir et limiter l’infestation des parcelles. Les températures qui augmentent et les pratiques de pâturage (temps de séjour important sur une parcelle ou temps de retour trop court) augmentent la prolifération des larves infestantes de type L3.

Alessio MORO - Conseiller caprin - ADICE

Désabonnement - conformément à la loi 78-17 du 6 janvier 1978 (CNIL), vous pouvez à tous moments vous désinscrire de cette lettre en cliquant sur ce lien